« Le droit individuel au suicide, cela se discute, le droit au suicide de l’humanité, cela ne se discute pas ».
Hans JONAS, Principe Responsabilité.
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GRILLE DE LECTURE
Hans Jonas, en pensant la technoscience dans la démesure de sa production voit que l’humanité tout entière est menacée, elle court un danger. La menace plane sur la vie de l’homme individuel et sur celle de l’humanité puisque les dégâts collatéraux de l’agir ultra-technologique de l’homme sont de plus en plus importants. Le technoscientique est en train de risquer sa vie et celle de tous ceux qui partagent les mêmes conditions d’existence que lui, ceux qui sont dans une même communauté de vie que lui. La vie de tous est pariée. Mais le pari ne concerne que soi, en ce sens que l’on ne peut risquer que ce qui nous est propre. L’on ne doit pas risquer quelque chose qui appartient aux autres. C’est pourquoi, le suicide qui est toujours un fait personnel peut se décider par celui qui veut s’ôter la vie. Lui-même réfléchit, voit les contours de son action et peut décider de l’assumer. C’est dans ce sens que Hans Jonas entend la discussion permise en ce qui concerne le suicide personnel, individuel. Vouloir se suicider, c’est vouloir délibérément s’enlever la vie. L’homme qui vit a la vie en propre, comme une propriété. On dirait qu’il est le « propriétaire » de sa propre vie.
L’humanité dépasse l’homme individuel, c’est une entité plus large qui englobe toute l’existence humaine. L’homme ressemble à une goutte d’eau dans cette mer de l’humanité. L’homme ne peut donc pas risquer la vie de toute une masse de gens. L’humanité n’est pas une personne qui peut décider de s’enlever la vie, de risquer, de parier sur quelque chose qui lui est propre. On ne peut donc discuter du suicide de l’humanité. Le suicide d’une collectivité ne peut être décidé par quelqu’un. Seule la collectivité a les droits de cession et de leg sur ses biens, ses affaires, sur ses acquis, bref, sur ce tout ce qui lui appartient et dont elle peut jouir à son aise, à sa guise. Droits et obligations à l’égard de l’autre, à l’égard de tout ce qui le fait, à l’égard de tout ce qu’il a et de tout ce qu’il est sont soulignés ici. L’éthique des relations humaines est ici revalorisée.
Aristide BASSE, op
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